Habituellement, nous ne sommes pas fort branchés musées. A ces espaces intérieurs, nous préférons largement les balades urbaines ou en pleine nature. Pourtant, nous pensons qu’il y a certains musées auxquels on ne peut échapper à cause de la richesse de leurs collections ou pour leur valeur de mémoire. C’est avant tout dans cette dernière dimension que s’inscrit le District Six Museum de Cape Town.
Niché dans un bâtiment à quelques pâtés de maisons du Fort de Bonne-Espérance, le District Six Museum est un musée qui impressionne plus par sa muséographie que par sa taille. Mais sa petitesse, ajoutée à l’histoire poignante qu’il raconte, confère à celui-ci une âme que l’on retrouve dans peu de musées.
L’histoire d’un quartier
Le District Six Museum raconte la douloureuse histoire d’un quartier de Cape Town, celui du District Six, coincé entre le City Bowl (centre-ville) et le port, au pied de la Table Mountain. Ce quartier populaire fut le théâtre d’une déportation massive à l’aube des années 1970 avant d’être complètement rasé. Son histoire a fait du District Six l’un des symboles de la lutte contre l’apartheid.
Le Group Areas Act
En 1950, le gouvernement de l’apartheid adopte une loi sous le nom de « Group Areas Act », qui rend illégal la cohabitation de personnes de races différentes dans un même quartier. Ces races sont définies selon une autre loi tout aussi discriminatoire : la « Population Registration Act ». Cette loi établissait que chaque habitant du pays soit classé et enregistré en fonction de ses caractéristiques raciales.
Le « Group Areas Act » privilégiait les quartiers les plus favorisés aux blancs tandis que les noirs, les métis et les asiatiques devaient vivre dans des zones plus éloignées et souvent sans aucun des services de base. Cette loi fut abolie en 1991 à la fin de l’apartheid.
En 1966, le District Six a été déclaré zone blanche et sa destruction commença deux ans plus tard. Le gouvernement de l’époque souhaitait rayer de la carte le District 6. Même le nom disparut et devint Zonnebloem. Pas moins de 60 000 personnes furent ainsi déportées vers des townships à l’extérieur de la ville comme à Khayelitsha à plus de 30 kilomètres à l’est du Cap.
La visite du District Six museum
C’est à la toute fin de notre séjour en Afrique du Sud que nous avions programmé la visite du District Six Museum. Après avoir longé Khayelitsha, le deuxième plus grand township d’Afrique du Sud, lors de notre arrivée à Cape Town, nous avons donc terminé notre séjour par le musée qui explique l’histoire d’un des quartiers d’où sont originaires une partie de sa population.
A peine quelques heures avant de reprendre l’avion, il nous restait seulement quelques dizaines de rands sud-africains. En fouillantt les fonds de nos poches, nous parvenons péniblement à réunir les 60 rands de droits d’entrée pour nous deux (en réalité, il nous manquait quelques rands mais la bonté du gardien de l’entrée nous a permis de visiter ce musée). En ajoutant quelques rands supplémentaires (15 par personne), il est possible de bénéficier d’une visite guidée (parfois réalisée par un ex-habitant du quartier).
Au travers de nombreux objets familiers et de témoignages, le musée raconte bien l’histoire de ces habitants qui ont été contraints de quitter leur lieu de vie. Le musée montre l’horreur du régime de l’apartheid et met en lumière l’absurdité de l’arbitraire, de la distinction par « races » et de la discrimination.
Le District Six Museum mérite vraiment d’être visité lors d’un séjour à Cape Town, tant il éclaire sur un passé encore récent et douloureux de l’Afrique du Sud.
Après une bonne heure trente de visite, nous prenons la direction de l’aéroport, avec le sentiment d’avoir bouclé la boucle. En effet, nous repartons convaincus qu’une visite du District Six Museum est indispensable pour comprendre une partie de la complexité de l’histoire sud-africaine.
Pierre
novembre 7, 2016super visite en effet !
Elise
août 16, 2018Lorsqu’on se rend à Cape Town, je suis d’accord avec toi, il faut vraiment visiter le District Six Museum. C’est un endroit vraiment intéressant que je conseillerai à tout le monde. On ne peut pas en parler, il faut simplement y aller !